6 principes pour bien gérer l’eau à bord

Par Ayman

Naviguer est une activité plaisante, mais elle ne s’improvise pas car le milieu aquatique peut vite devenir hostile. Pour profiter pleinement de votre sortie ou de votre croisière, vous devrez donc faire preuve d’un minimum de planification. Parlons ici de l’eau douce, vitale pour l’être humain.

La bonne gestion de l’eau à bord est évidemment nécessaire à la hydratation de l’équipage, mais servira aussi à la cuisine, l’hygiène ou à l’entretien. Voyons donc quelques principes et astuces pour gérer efficacement l’eau à bord et éviter les problèmes d’approvisionnement.

Anticiper les besoins en eau

Tout commence par bien anticiper les besoins en eau. En effet, la quantité d’eau nécessaire dépend de plusieurs facteurs tels que la durée de votre navigation, le nombre de personnes à bord, la température extérieure, etc.

Pour faciliter votre estimation des besoins, tablez sur un strict minimum de 3 litres par personne et par jour, et pour davantage de confort, prévoyez en moyenne 10 litres d’eau par jour et par personne si la capacité d’emport de votre bateau le permet. Et encore, cette moyenne ne comprend pas la douche ! Lorsque l’on sait qu’une consommation d’eau de 6 litres par minute est considérée comme une consommation responsable, on comprend pourquoi…

Tout comme le marin averti prévoit un pied de pilote dans sa navigation, il prévoit aussi une marge de sécurité dans son avitaillement et en particulier sur l’eau, si cruciale.

L’eau “courante” n’existe pas à bord d’un bateau. On prend donc soin de ses réserves !

Cloisonner et gérer ses réserves

Avoir plusieurs réservoirs au lieu d’un seul permet de cloisonner les réserves. De la sorte, si l’un des réservoirs venait à être contaminé, les autres ne le seraient pas forcément. A défaut d’avoir plusieurs cuves fixes, il peut être possible d’installer un réservoir souple (ou “vache”) en complément. Vous pourrez compléter vos réserves par des jerrycans ou des bouteilles d’eau minérale. Un jerrycan rempli à 80% (pour qu’il flotte !) restera facilement accessible afin d’être embarqué dans le radeau de survie en cas d’évacuation.

Veillez bien à compléter vos réserves lorsque c’est possible. Une panne de désalinisateur ou un manque d’eau potable sur les escales peut aussi survenir – c’est ce qui est arrivé à l’équipage de Fleur de Sel avant leur traversée de l’Atlantique au départ du Cap-Vert.

Surveiller la quantité et la qualité de l’eau

Vous avez anticipé vos besoins en eau et fait vos réserves d’eau, parfait ! Maintenant il est important de les surveiller régulièrement. Vous pouvez installer une jauge de réservoir, soit électronique, soit visuelle ou un compteur d’eau pour connaître la quantité d’eau consommée par jour. Cela vous permettra de mieux gérer vos réserves et d’adapter votre consommation en fonction de vos besoins.

N’oubliez pas également de vérifier régulièrement l’état de vos réserves d’eau. Pendant que vous faites le plein, vous pouvez utiliser des additifs spécifiques pour empêcher la prolifération d’algues et de bactéries. Enfin, la mémoire n’étant jamais infaillible, un rappel dans votre application Ready4Sea vous évitera d’oublier quand remplacer vos filtres et nettoyer votre réservoir. Il serait dommage de devoir couper court à votre prochaine croisière ou sortie en raison d’un réservoir contaminé !

Economiser l’eau

Lorsque vous êtes en mer, l’eau est une denrée précieuse. Des gestes simples vous feront économiser l’eau douce à bord.

L’évier d’un bateau peut comporter plusieurs robinets, comme ici :
eau de mer, eau douce et eau potable !

Lorsque vous n’êtes pas dans un port, vous pouvez utiliser l’eau de mer pour certaines tâches ménagères comme la vaisselle ou le nettoyage du pont. Et voici une petite astuce culinaire : pour cuire des pâtes, des pommes de terre ou des légumes, vous pouvez couper l’eau douce d’1/4 à 1/3 d’eau de mer. Pour cuire du riz, réduisez la proportion d’eau de mer car le sel sera davantage absorbé.

Une pompe à pied aide à ne pas gaspiller l’eau. Mais si l’on dispose d’un groupe d’eau sous pression, évidemment on ne laisse jamais couler l’eau inutilement ! Ainsi, on peut raisonnablement n’utiliser qu’un seul verre d’eau pour se brosser et rincer les dents. Enfin, il est possible de faire une toilette économe à l’aide d’une bouteille d’eau de 1,5L dont on aura percé le bouchon de trois trous.

Prévoir un système de désalinisation ou de récupération

Si vous envisagez une longue navigation sans ravitaillement facile, il est possible de récupérer de l’eau à partir de l’environnement qui nous entoure. Un désalinisateur vous permettra par exemple de produire de l’eau potable à partir de l’eau de mer.

Il existe différents systèmes de désalinisation, les plus répandus en plaisance utilisent le principe d’osmose inverse. Ils pressurisent l’eau de mer pour la faire passer au travers d’un filtre à membrane. Ce processus permet d’extraire un peu d’eau douce et de rejeter beaucoup d’eau encore plus salée.

Si votre bateau ne permet pas l’installation d’un désalinisateur fixe, il existe des modèles portatifs. La source d’énergie pourra être électrique ou, comme ici, un petit moteur thermique.

L’inconvénient du désalinisateur c’est qu’il prend de la place et consomme beaucoup d’énergie : il est nécessaire de faire monter l’eau à 60 bars environ, ce qui nécessite une pompe à basse pression et une pompe à haute pression. Il n’est donc pas surprenant que l’ensemble du système demande un entretien minutieux. Ready4Sea sera toujours là pour vous rappeler les échéances nécessaires, mais mieux vaut donc bien étudier la faisabilité du projet avant de se lancer dans l’installation d’un désalinisateur.

Il y’a aussi un autre moyen de remplir les réservoirs du bateau lorsque vous êtes loin d’un robinet : la pluie ! Vous pouvez fabriquer un ou plusieurs tauds pour récupérer l’eau de pluie et la conduire vers un jerrycan ou votre réservoir grâce à un tuyau.

Bien entendu c’est un système à mettre en place au mouillage uniquement, mais il peut s’avérer très efficace : au passage d’un grain bien pluvieux, il est possible de récupérer des centaines de litres.

Stocker ou traiter les eaux usées

La gestion des eaux usées est une autre préoccupation importante à bord. On néglige en effet l’impact que peut avoir le rejet de déjections en mer sous prétexte que “c’est naturel”. A trop grande concentration, nos excréments sont en effet dramatiques pour l’environnement marin.

La première étape consiste donc à utiliser une cuve à eaux noires. Il s’agit donc de stocker les déchets à bord jusqu’à ce qu’ils puissent être déchargés en toute sécurité à terre ou rejetés bien au large. Assurez-vous que le système de pompage de vos toilettes fonctionne correctement et que les filtres à odeur sont en bon état. A l’ajout d’une cuve à eaux noires, Ready4Sea vous proposera d’ailleurs de vous rappeler son remplacement annuel. Pratique !

D’autres solutions écologiques existent pour permettre le rejet des eaux noires, comme le traitement par UV. C’est une méthode de désinfection qui utilise une lumière ultraviolette pour neutraliser les bactéries et les virus présents dans les eaux usées. Cependant elle est souvent utilisée en conjonction avec d’autres méthodes de traitement, telle que la filtration, pour assurer une désinfection complète des eaux usées.

Une autre solution respectueuse de l’environnement est la neutralisation des eaux noires par électrolyse. Cette méthode utilise un processus électrochimique pour éliminer les bactéries et les virus dans l’eau. Dans ce processus, des électrodes sont placées dans l’eau et une charge électrique est appliquée pour générer un désinfectant. Ce désinfectant est ensuite diffusé dans les eaux usées pour neutraliser les bactéries et les virus.

Vous pouvez également utiliser un système de récupération des eaux grises pour recueillir l’eau de lavage et de rinçage en sortie des douches et lavabos. Cette eau pourra ensuite servir à nettoyer le pont ou pour d’autres besoins non potables.

Vous devez cependant faire fortement attention à la zone de navigation et la réglementation en vigueur lors du nettoyage de votre bateau. Dans bien des endroits le rejet direct des eaux grises est interdit et peut être sanctionné d’amendes.

Conclusion

L’eau à bord reste essentielle pour une navigation sans histoire, et demande une gestion efficace. Chacun des systèmes nécessaires à la bonne gestion de l’eau à bord d’un bateau nécessite un entretien régulier et minutieux pour garantir leur bon fonctionnement.

En anticipant les besoins en eau, en constituant les réserves adaptées, en économisant l’eau, en surveillant les réserves d’eau, en prévoyant un système de désalinisation si nécessaire, et en gérant correctement les eaux usées, vous pouvez éviter les problèmes d’approvisionnement en eau et protéger l’environnement marin.