Silzig, la bouée de sauvetage novatrice
Parlons aujourd’hui du matériel de sécurité. L’imaginaire collectif place assurément l’homme à la mer en tête des dangers auxquels on est susceptible d’être confronté en mer. C’est pourquoi les réglementations imposent le plus souvent d’avoir à bord une “bouée de sauvetage” ou un dispositif d’assistance équivalent. Encore relativement confidentielle, nous vous proposons de découvrir la bouée Silzig, que nous avons testée, utilisée et adoptée.
La solution de sauvetage Silzig
A bord, le bon sens impose donc de tout mettre en œuvre pour ne pas passer par-dessus bord. Vous avez donc équipé votre bateau de lignes de vie, et votre équipage porte harnais et gilet de sauvetage. Vous êtes donc a priori bien préparé. Si, cependant, cela arrivait, il faut pouvoir réagir et sauver la personne tombée à l’eau. En effet, l’un d’entre vous peut être projeté à l’eau, par exemple lors d’une manœuvre (l’empannage est un cas d’école). C’est peut-être aussi en allant placer des pare-battage à l’avant, ou encore en se faisant déséquilibrer par une vague inattendue, que cela peut survenir.
Il vous faut donc disposer à bord d’une solution pour récupérer l’homme à la mer (parfois appelé MOB = man overboard en anglais). C’est une évidence. Cette solution présente deux volets. D’une part, vous devez avoir à bord le bon matériel, c’est ce qui est préconisé par la réglementation. Et d’autre part vous devez savoir vous en servir. Cela vous a peut-être été enseigné ou transmis, mais ce n’est pas toujours le cas. De toutes les façons, votre équipage a également besoin d’être formé sur le sujet, car ce pourrait être vous qui vous baignerez de façon involontaire.
La réglementation au sujet des dispositif de sauvetage
Dans la plupart des juridictions, qu’il s’agisse d’eaux fluviales ou maritimes, l’emport d’un dispositif de sauvetage ou d’assistance est requis.
Sans vouloir être exhaustif, c’est par exemple le cas :
🇧🇪 en Belgique
Le Service Public Fédéral Mobilité et Transports impose l’emport de “moyens destinés à repérer et à porter assistance à un noyé (sic !), comme une bouée de sauvetage ou Lifesling”
Lien utile : https://mobilit.belgium.be/fr/navigation/navigation-de-plaisance/navire/equipement
🇨🇭 en Suisse
L’administration fédérale impose, pour naviguer dans les eaux suisses, d’avoir à bord un “engin de sauvetage approprié pouvant être jeté à l’eau, dont la poussée hydrostatique est d’au moins 75 N et dont la drisseCordage qui permet de hisser une voile, mais également une vergue ou un pavillon. Généralement les drisses sont pré-étirées afin d'éviter le relâchement de la tension au fil du temps. de rappel flottante mesure au moins 10 m”.
Lien utile : https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1979/337_337_337/fr
🇫🇷 en France
La Division 240 impose de naviguer avec “un dispositif de repérage et d’assistance pour personne tombée à l’eau type « bouée fer à cheval » ou « bouée couronne » ou tout autre dispositif équivalent”, d’une flottabilité d’au moins 142 N, et d’une forme et couleur facilement repérable de jour. A noter que le dispositif devra être complété d’un système lumineux étanche. (Ce n’est pas l’objet du présent article, mais pour une navigation hauturière, une perche IOR est à recommander : voir utilisation dans l’encadré en fin d’article)
Lien utile : https://www.mer.gouv.fr/les-divisions-securite-plaisance
Les législateurs recommandent ou imposent donc d’avoir à bord le matériel adapté, on l’a vu. Certains font référence à des dispositifs à la grand-papa, comme la bouée couronne ou la bouée fer à cheval. D’autres évoquent ouvertement, sans doute par abus de langage, le Lifesling, un flotteur tracté américain.
Pour notre part, c’est la bouée Silzig que nous avons choisie, et avec laquelle nous avons navigué durant des années, en remplacement dudit Lifesling – qui avait lui-même remplacé la traditionnelle bouée fer à cheval.
Le matériel : présentation de la Silzig
La Silzig se présente sous la forme d’un long boudin mesurant environ 2 m de long. Sous la housse orange fluo particulièrement visible et solide (650 g/m²) se trouve le flotteur en mousse imputrescible, qui répond aux normes internationales. C’est en fait une véritable “frite”, que l’on retrouve habituellement dans les piscines ou sur les plages, mais très résistante. Et surtout, avec ses 145 N de flottabilité, elle est homologuée par le bureau Veritas, et répond donc non seulement aux exigences plaisance mais aussi à celles de la marine marchande française.
Une sangle mère ultra-solide traverse la Silzig sur toute la longueur, ce qui permet de supporter le poids d’une personne. A l’extérieur, deux grosses poignées permettent à l’homme à la mer d’attraper facilement la bouée. Celles-ci permettent également aux sauveteurs de la saisir fermement pour remonter la personne à bord. Enfin, aux extrémités de cette “saucisse” (“silzig” signifie littéralement “petite saucisse” en breton), se trouvent d’une part un solide mousqueton Wichard (résistance 1200 kg), et une large boucle en sangle de 40mm de large ce qui facilite la préhension.
D’où provient la bouée Silzig ?
La bouée Silzig est distribuée chez les bons shipchandlers et accastilleurs, aussi bien pour la plaisance que dans le monde maritime professionnel. Cependant, elle semble souvent affublée de marques diverses et variées et il est relativement peu aisé de remonter à la source concernant la Silzig. Après une petite enquête, il s’avère que c’est la société Océanplus qui les fabrique à Brest. Selon les informations trouvées, cette activité emploierait une demi-douzaine de personnes.
En vous équipant de la sorte, vous œuvrez donc sur tous les tableaux. Non seulement vous faites l’acquisition du dispositif le plus performant et le plus résistant, et dont on verra qu’il maximise les chances de sauver la personne tombée à l’eau. Mais en plus vous soutenez une entreprise locale, européenne, française et bretonne. Enfin, l’entreprise et le groupe dont elle fait partie sont engagés dans une démarche d’insertion professionnelle. Vous participez donc à former et à qualifier des salariés qui, au détour de la vie, se sont retrouvés exclus. Cette bouée de sauvetage l’est donc à plus d’un titre et pour plus d’une personne.
Utiliser la Silzig pour récupérer un homme à la mer
Maintenant que nous avons fait connaissance avec la bouée Silzig, il nous faut désormais apprendre à opérer un sauvetage avec. L’inventeur de la bouée, Alain Daoulas, a été maître voilier et officier de la Marine Nationale. Il a formé des centaines d’élèves de l’Ecole Navale. Il résume bien les avantages de la Silzig en soulignant qu’il s’agit d’un dispositif de sauvetage trois en un. C’est à la fois un flotteur, un outil de traction et un harnais pour hisser la personne à bord. Les traditionnelles bouées fer à cheval ou bouées couronnes, elles, ne sont en définitive que des aides à la flottabilité. Mais elles n’ont pas la résistance suffisante pour aider le naufragé à remonter à bord. La bouée Silzig est donc plus appropriée, quel que soit le type de navigation, mais a fortiori davantage encore en hauturier.
Déployer la Silzig
La manœuvre à réaliser est devenue relativement classique dans les formations modernes. On déploie la bouée de sauvetage en la tractant au bout d’un filin flottant suffisamment long et solide (non inclus). Celui-ci fait partie intégrante du dispositif et doit être prêt à l’usage sans s’emmêler. Vous l’arrimerez solidement sur un taquetPièce d'accastillage servant à arrêter ou bloquer un cordage. A l'origine il ne s'agit que d'ergots fixes autour desquels tourner le cordage, mais la plaisance a aussi conduit à mettre au point des taquets divers pour coincer et décoincer les cordages plus rapidement. du tableau arrière, comme dans le cas du Lifesling. Durant toute la manœuvre, la Silzig filiforme ne présente que peu de résistance à l’avancement, et elle ne nuira donc pas aux manœuvres du bateau.
Entourer la personne à la mer avec le filin
Une fois revenu sur l’homme à la mer*, il s’agit de tourner autour le plus près possible, de façon à entourer au maximum la personne à l’eau avec le bout flottant. L’objectif est qu’elle puisse se saisir du filin, au bout duquel se trouve la Silzig. Elle pourra alors l’agripper facilement avec ses deux grosses poignées. Cela facilitera le maintien du contact entre la ligne et le naufragé si jamais le bateau ne parvient pas à s’arrêter complètement. Sans cela, la traction durant cette phase peut être assez problématique.
Contrairement à l’utilisation du Lifesling, qui demande à l’homme à la mer de se glisser dans le flotteur (ce qui peut être difficile avec un ciré et un gilet gonflé), ici le naufragé n’a qu’une seule action à réaliser : fermer la Silzig autour de lui grâce au mousqueton. En baissant les bras de manière à maintenir la bouée autour de lui, le naufragé n’a plus d’autre effort à faire, même si la manœuvre se prolonge pour l’équipage.
Ramener le naufragé à bord
La solidité de la sangle permet si besoin de tracter le naufragé. On peut si besoin wincher afin de le ramener le long du bord. Et une fois à proximité, tout dépend alors des conditions de mer et/ou de l’hypothermie. Si la personne n’est plus capable de remonter à bord par ses propres moyens, on peut toujours utiliser une drisseCordage qui permet de hisser une voile, mais également une vergue ou un pavillon. Généralement les drisses sont pré-étirées afin d'éviter le relâchement de la tension au fil du temps. pour la hisser à bord. Il suffit de la capeler dans le mousqueton de la Silzig.
Ouf ! Bien joué, vous avez récupéré le MOB, et nous espérons qu’il y aura eu plus de peur que de mal. En tous les cas, nous venons de voir les avantages de la Silzig. Et ce n’est pas un hasard si elle équipe aujourd’hui la quasi-totalité des bateaux de course au large. Les professionnels l’utilisent également beaucoup, ce n’est pas une surprise.
Pratique : rangement de la bouée Silzig
En effet, la bouée Silzig a de nombreux avantages à l’utilisation, nous venons de le voir. Mais là où la bouée fer à cheval était encombrante à stocker, au contraire, la Silzig se montre aussi ultra-pratique le reste du temps – que ce soit en navigation ou à l’escale. Sa forme longiligne permet de la ranger sur une bannette, ou là où vous stockez gaffe, voiles, etc. Lorsque vous quittez le bateau, votre dispositif reste donc à l’abri, sans souffrir des rayons ultraviolets ou de l’humidité.
Et lorsque vous appareillez, il est simple de l’amarrer dans les filières latérales – en régateCourse de bateaux, le plus souvent à voile., la Silzig y rend le rappel plus confortable – ou sur le tableau arrière. Si vous avez un bimini, la Silzig trouve même sa place juste en dessous. Il suffit de confectionner des attaches rapides en velcro pour pouvoir la déployer rapidement. Et sur un semi-rigide, votre bouée de sauvetage trouvera facilement sa place le long d’un boudin, à la jonction avec la coque.
Conclusion : à recommander sans réserve
Nous avons longtemps navigué avec la traditionnelle bouée couronne ou fer à cheval, encombrante à bord, au support qui se tord, et ayant tendance à tomber à l’eau toute seule. Nous étions déjà passés au Lifesling, un net progrès. Pour autant, la Silzig résout les problèmes de moisissure d’un dispositif textile ensaché continuellement soumis aux éléments. Et surtout, sa construction nettement plus solide, et sa mise en œuvre plus pratique donnent un maximum de chance de survie à la personne tombée par-dessus bord.
Nous n’avons heureusement pas eu besoin de l’utiliser “pour de vrai”. Toutefois, nous avons eu l’occasion de la tester en conditions réelles, par 35 nœuds de vent au mois de novembre. C’était lors d’une formation à la sécurité et à la survie en mer et nous avons été convaincus. C’est véritablement l’équipement que nous recommandons pour espérer récupérer l’homme à la mer.
Equipé de la sorte, votre bateau est prêt à prendre la mer, il est Ready4Sea.
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* Revenir sur l’homme à la mer est un autre sujet, mais dans l’ordre :
1. Larguer un repère visuel, si possible lumineux et haut sur l’eau (idéalement une perche IOR, ou danbuoy en anglais). Cela permettra ensuite de revenir au plus près de la personne ;
2. Marquer la position GPS(Global Positioning System) Système de positionnement par satellite, à couverture mondiale, et permettant de déterminer non seulement sa latitude et sa longitude, mais également son cap et sa vitesse. (en appuyant sur MOB). Cela permettra de revenir “sur zone”, c’est-à-dire suffisamment près du repère visuel ;
3. Déclencher l’appel de détresse. C’est facile et rapide si l’on dispose bien de l’ASN (DSC en anglais), puisque cela ne nécessite pas de rester devant sa VHF(Very High Frequency) Bande de fréquence d'ondes radio, entre 30 et 300 MHz. Par extension, les postes de radio maritime les plus répandus, fonctionnant sur une série de canaux prédéterminés entre 156 et 174 MHz, et ayant une portée de quelques milles à quelques dizaines de milles. ;
4. Manœuvrer pour revenir sur le MOB : il y a de nombreuses manœuvres “officielles”, mais la bonne manœuvre est la vôtre, en fonction des conditions du moment.
Note : nous ne sommes en aucun cas liés ou affiliés à la société Océanplus, qui fabrique la bouée de sauvetage Silzig, ni à sa maison mère. Océanplus nous a simplement fourni une photo à des fins d’illustration de cet article. Ce test produit ne se veut que le reflet de notre propre expérience après avoir acheté et utilisé cet équipement sur notre bateau.